Fixed mindset & Growth mindset

Théorie de Carol Dweck. Dans le contexte de la théorie de l’apprentissage (Lien)

Selon Dweck, les individus peuvent être placés sur un continuum selon leur vision implicite de l’origine de la capacité.

L’approche dite fixe (fixed mindset) consiste à croire que leurs réussites sont basées sur une capacité innée. Il y aurait une certaine façon de faire et de concevoir les choses, et il faut toujours avoir trouvé les réponses aux obstacles et aux difficultés à venir. Il n’y a pas de place à l’erreur, car échouer indique une faille de notre personne. Les individus à l’état d’esprit fixe craignent l’échec, car il constitue une affirmation négative par rapport à leurs capacités de base. Les enfants que l’on complimente par des affirmations comme « excellent, tu es très intelligent » sont beaucoup plus susceptibles de développer un état d’esprit fixe.
– paraître intelligent coûte que coûte
– l’échec affirme notre manque de capacité
– l’intelligence est innée et n’évolue pas
– faire des efforts indique qu’on ne détient pas la capacité intellectuelle
– ne pas essayer, ne pas être en difficulté face aux défis

L’approche dite de développement (growth mindset) évoque l’idée que notre esprit, notre intelligence et notre personne grandit à travers les erreurs et la persévérance face aux difficultés et aux obstacles. L’erreur et la déception sont des expériences positives, car elles nous poussent à grandir et à évoluer. Les individus avec un état d’esprit de développement ne se soucient pas tant de l’échec, car ils prennent conscience que leur performance peut être améliorée. Les enfants à qui l’on dit « excellent, tu as fait tout ton possible » sont susceptibles de développer un état d’esprit de développement.
– apprendre coûte que coûte
– l’échec fait partie de l’apprentissage
– l’intelligence se développe
– faire des efforts active notre capacité intellectuelle
– ce qui compte, c’est d’essayer

Bien que cette théorie s’inscrit dans les sciences de l’apprentissage, ce qui a attiré mon attention est la possibilité d’appliquer cette théorie dans la vie quotidienne, et notamment dans les fonctionnements dépressifs et d’angoisse. Lorsqu’on garde une ouverture d’esprit face aux difficultes et aux obstacles, on est beaucoup moins fataliste sur notre sort. Ce mode de pensée s’applique particulièrement à la dépression et à l’anxieté : ce sont des pensées récurrentes que de se dire « que je n’y arriverais jamais », « que je suis nul », « que je suis irrécupérable » qui donne le sentiment d’isolement et de non-recours vers une voie qui nous permettrait d’aller mieux. Pouvoir garder une approche de développement, c’est-à-dire rester ouvert à l’échec et la difficulté, c’est une façon de combattre cette forme de fatalité qui nous enferme dans une boîte, dans un mode de pensée fixe et fermé qui ne laisse pas de place à l’évolution ou au changement.

Pour aller plus loin, ce qui est d’autant plus difficile à supporter parfois pour certains dans le fait d’échouer, c’est l’affirmation négative de notre manque de capacité, car cela attaque directement notre estime de soi (ou « assises narcissiques », soit les processus psychiques qui constituent notre représentation de soi) : c’est comme si l’échec représentait la preuve irréfutable de notre manque de capacité, après tout, « si j’ai échoué sur cette tâche, c’est que clairement je ne suis pas fait pour ça ». Ce n’est pas parce qu’on échoue qu’on n’a pas de capacité, c’est l’effort et la persévérance qui détermine notre intelligence, parce qu’aux travers de ces compétences de développement, on se tire vers le haut, on ne s’enferme dans des étiquettes et des labels. Dweck développe sa théorie en parlant du principe du « not yet », qui se traduit par le principe du « pas encore » : elle entend par là l’idée que dans le « pas encore », c’est qu’il y a toujours la place pour évoluer. Par exemple, « je ne comprends rien » renvoie à un sentiment de fatalité et d’échec, tandis que « je ne comprends pas encore tout » rejette la fatalité d’une intelligence innée et fixe, et laisse penser qu’on pourra à l’avenir y arriver.

Cette théorie n’est pas une solution, car un mode de pensée ne se change pas d’un claquement de doigt, notamment pour les troubles dépressifs et de l’anxieté pour qui ces sentiments de vide et d’angoisse sont très prégnants et très ancrés. Seulement, garder une approche fixe est la voie de la fuite face aux difficultés : c’est un mode de pensée qui nous pousse à ne pas penser à ce qui fait souffrance en nous du point de vue psychologique. L’approche fixe nous empêche d’aller creuser davantage sur nos souffrances psychiques, entre la crainte de savoir réellement de ce qui se cache derrière la souffrance, et la confrontation à la difficulté qui nous met dans une position d’échec et d’incapacité. Mais ce qui différencie l’approche fixe de l’approche de développement, c’est de penser en quelque sorte à la récompense : « c’est vraiment difficile de me confronter à mon angoisse, mais ce n’est pas définitif, après chaque effort de ma part, j’apprends à mieux supporter l’angoisse », jusqu’à ne plus considérer une angoisse comme obstacle, quelle qu’elle soit.

Dans le contexte de l’apprentissage, l’erreur est un défi intellectuel, et non un signe de bêtise. Dans le défi, il y a la difficulté et une courbe évolutive d’apprentissage. L’intelligence, la capacité intellectuelle ne peut se résumer à « savoir/ne pas savoir », il s’agit d’un processus malléable, en mouvement. On apprend à savoir, et dans l’apprentissage, il y a l’erreur, l’échec et les tentatives. C’est ensuite à celle/celui qui apprend de transformer ces erreurs, échecs et tentatives en expériences positives de l’apprentissage, les concevoir comme des éléments faisant partie de l’apprentissage, et non comme des signes de « non-savoir » et de « non-intelligence ». Pour Dweck, il est important de complimenter la capacité d’effort et de persévérance de l’enfant, et non la capacité intellectuelle (« tu as vraiment fait des efforts ! » vs « tu es vraiment intelligent ! »), c’est là que se joue la transmission d’une approche dite de développement versus d’une approche dite fixe.